dimanche 3 février 2008

Médias et démocratie

Et voilà donc Mario Dumont se portant à la rescousse de TQS. Après avoir pris la défense de Jeff Fillion, l’ADQ se fait maintenant le porte-parole du mouton plus- noir-que-jamais et exige « que le CRTC donne à ces réseaux les moyens de leurs ambitions… ». Pour un homme politique qui prône les bienfaits de la réduction de la taille de l’état, M. Dumont se sent bien généreux! Dans l’édition du 26 janvier du Devoir, Gil Courtemanche lui donne toute une gifle…

Pendant que la droite québécoise suggère l’intervention de l’état (….), les journalistes québécois se rencontrent le weekend prochain pour discuter des enjeux entourant les médias et la démocratie. Organisé par la Fédération Nationale des Communications (CSN) et présidé par la sénatrice Joan Fraser (ex-journaliste et éditiorialiste au quotidien The Gazette), le colloque demande à ses participants si « Informer est encore d’intérêt public? » Sur le site Internet, on peut y lire des dizaines d’articles, rédigés par des journalistes, politiciens et écrivains, qui tentent de lancer des pistes de réflexion sur les grands enjeux entourant le monde des médias d’information.

La programmation de l’événement permettra de débattre également sur l’importance que joue Internet, les nombreux sites d’information et les millions de blogues qu’on peut y trouver. Sur ce sujet particulier, voici quelques passages qui ont attiré mon attention sur le site du colloque et qui apportent des éléments intéressants au débat :


Pascal Lapointe, journaliste :
Effectivement, rien qu’avec les blogues, on assiste depuis 2003 à un phénomène extraordinaire: des dizaines de millions de citoyens prennent la parole, et certains de ces «amateurs» le font avec un talent qui ferait rougir d’envie certains professionnels.

Sur Internet, les plus militants des internautes rêvent justement d’un univers où on n’aurait plus du tout besoin des journalistes: c’est le mythe du «journaliste citoyen».

Le travail journalistique vaut de moins en moins cher? On l’a dit, les tarifs à la pige n’ont pas augmenté depuis 40 ans. Or, les tarifs sur Internet se situent dans la même fourchette. Et que dire des «journalistes citoyens» fiers de travailler bénévolement...


Daniel Marsolais, journaliste :
Certains, et je n’en suis pas, vont même jusqu’à se demander si cette «presse alternative», décrite aussi comme le contre-pouvoir du quatrième pouvoir, ne serait pas en train de devenir la solution de remplacement à la presse traditionnelle… Mais ça c’est une autre histoire et un excellent sujet de réflexion pour un autre colloque...

Quoi qu’il en soit, ce qui est tout à fait extraordinaire avec ce nouvel outil de communication, c’est son immense souplesse, sa très grande facilité de publication, sa non moins grande liberté éditoriale et sa formidable capacité d’interaction avec les lecteurs.

Et pour ceux qui, à juste titre, ont toujours été préoccupés par le pluralisme des sources d’information, ne trouvent-ils pas ici un outil non traditionnel qui contribue à faire avancer un tant soit peu la démocratie?

En dépit de tout, la plus grande force du web c’est peut-être de bousculer un peu l’ordre établi, et surtout de forcer l’industrie des mass-médias et ses artisans à se redéfinir. À cet égard, la question qui devrait être sur toutes les lèvres des journalistes de l’écrit par les temps qui courent est la suivante: combien de temps encore nos journaux, tels que nous les connaissons dans leur forme actuelle, tiendront-ils encore le haut du pavé?


Michel Nadeau, journaliste au Devoir (1974-1984) :
Rappelons que la démocratie n’est pas l’exercice du droit de vote mais l’accès au débat avant le vote. Les citoyens bâtissent eux-mêmes leurs médias et des réseaux à la hauteur de leurs intérêts; mais le web ne fournira jamais le jugement nécessaire pour évaluer et classifier cette mer d’information. Des experts seront nécessaires pour faire des liens entre des faits, pour apporter une solide crédibilité derrière certains propos.


Bernard Landry, ex-premier ministre du Québec :
Comme ceux qui respectent l’économie de marché ont le devoir de la surveiller et de la moduler pour sa propre sauvegarde, les garants de la liberté de presse doivent en prévenir les dérives potentielles à travers l’action collective, qu’elle soit étatique, citoyenne ou corporative.

3 commentaires:

Unknown a dit…

Très bon billet! Il faudrait plus de réflexions de la sorte sur le web.

Tu viens de gagner un nouveau fan :)

Anonyme a dit…

Rien de bien concret ne jaillira de ce colloque mais réfléchir est toujours utile.

En ce qui concerne les commentaires de Mario Dumont au sujet de la survie de TQS, n'oublions pas qu'il joue aussi le rôle de Capitaine Vrai monde.

Très peu crédible le gars.

Accent Grave

lutopium a dit…

@about28: avec un peu de retard, merci!