dimanche 10 février 2008

L’IEDM et la privatisation du transport en commun

Les chercheurs de l’Institut Économique de Montréal (IEDM) sont vraiment à court d’idées… Au lieu de concevoir des projets constructifs pour stimuler la croissance économique, ils se concentrent sur la privatisation des services publics, tout azimuts…

Leur dernière trouvaille : privatiser le transport en commun. L’Institut a même pris le soin d’inviter un expert américain afin de lancer sa nouvelle propagande qui gravite toujours autour du même argument : le privé fait mieux. M. Wendell Cox nous est présenté comme un chercheur associé et invité au Conservatoire national des arts et métiers de Paris, mais il possède avant tout sa firme de consultation et est membre émérite de plusieurs « think tanks » de la droite économique, dont le Frontier Center For Public Policy et l’Heritage Foundation.

Les systèmes de tranport public représentent une mine d’or pour nos entrepreneurs. Ils n’ont pas à concevoir une nouvelle idée, à investir dans la recherche ou faire preuve d’originalité. Le trésor est là qui les attend. Après des années d’investissements massifs de la part des gouvernements et des citoyens, voilà qu’il faudrait leur donner un autre morceau de notre patrimoine afin qu’ils puissent « créer de la richesse ».

Dans un article écrit par M. Cox et publié dans le quotidien The Gazette (repris intégralement sur le site de l’IEDM), on nous cite l’exemple de la privatisation de la société de transport de Denver qui, selon lui, est la preuve vivante de cette idée révolutionnaire. Cependant, lorsqu’on consulte les analyses du département américain du transport, on constate que plus de la moitié des économies réalisées suite au partenariat avec l’entreprise privée sont directement reliées à la diminution des salaires et des bénéfices alloués aux employés. Lorsque les premiers contrats ont été donnés aux transporteurs privés, il y avait compétition entre quelques joueurs, ce qui promettait « l’auto-régulation » des forces du marché. Quelques années plus tard, il ne restait qu’une ou deux entreprises importantes, fusions et acquisitions obligent…

Il faut se rappeler que plusieurs villes nord-américaines - dont Montréal - ont du racheter les compagnies de tramway et d’autobus dans les années cinquante et soixante car elles se sont montrées incapables de moderniser les équipements et plusieurs d’entre elles étaient en faillite. On peut donc se permettre de questionner les intentions de l’entreprise privée qui désire maintenant se réapproprier ce qu’elle n’a pas été en mesure de bien gérer par le passé! Qu’on se souvienne de la défunte Laidlaw - un des principaux transporteurs privés en Amérique du Nord et grand gagnant de la privatisation du réseau de Denver – qui a demandé la protection des tribunaux canadiens en 2001…

Il est primordial que les services de transport en commun soient contrôlés par l’état et qu’ils soient étroitement liés à un plan d’urbanisme sérieux et à une gestion restrictive du trafic routier. Si l’on reconnaît qu’il faut réduire la pollution, on doit s’assurer que les services publics sont soigneusement planifiés et d’en optimiser son utilisation par le plus grand nombre de citoyens et de travailleurs. Comme il surveille constamment ses intérêts et sa profitabilité, le privé ne pourrait pas offrir ce service à moyen terme et rien ne prouve qu’il pourrait faire mieux. Surtout lorsque l’expert recruté par leur Institut fait la promotion de l’étalement urbain et de l’utilisation de l’automobile pour le tourisme!

M. Wendell Cox maintient également plusieurs sites, dont Demographia, Public Purpose et Rental Tours .
Photo : Harry Halibut – Flickr

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Pleinement d'accord.

Il m'apparaît évident que la gestion du transport en commun montréalais ainsi que sa propriété doit rester comme elle est. De toute façon, de nombreuses entreprises profitent de son existence.

Accent Grave