dimanche 30 mars 2008

lutopium déménage

Le site de lutopium est maintanant hébergé sur la plateforme Wordpress.

Vous pouvez vous y rendre facilement en cliquant ici.

À plus tard,

lutopium
http://lutopium.wordpress.com/

vendredi 21 mars 2008

La courroie des ambitions

Ce matin, comme à l’habitude, j’ai eu le privilège d’apercevoir l’authentique sourire de Nadine. C’est maintenant un rituel presque nécessaire, j’ai toujours hâte de commander mon café matinal au Van Houtte de la Place des Arts et de lui échanger quelques mots. Même si elle se lève très tôt pour prendre soin de sa petite fille de trois ans qu’elle doit également aller reconduire à la garderie, Nadine affiche toujours cette fraîcheur matinale et son inlassable joie de vivre.

En plus de ce travail qui l’occupe tous les matins de la semaine, Nadine fréquente le Cegep car elle a l’intention de devenir infirmière. Avec un salaire de $165 par semaine - incluant pourboires - et un prêt obtenu du ministère de l’éducation, elle réussit à peine à rejoindre les deux bouts. De temps à autre, elle reçoit un peu d’argent de son ex-conjoint et de ses parents, ce qui l’aide à boucler les fins de mois. Pour Nadine, l’augmentation du salaire minimum à $10 et le gel des frais de scolarité ne sont pas un luxe. C’est nécessaire et primordial.

Elle sait que je suis un passionné de politique et elle évite de s’engager sur le sujet. Ce matin fut quelque peu différent. Elle était tout simplement choquée d’apprendre que Mario Dumont recevait une prime de $50,000 depuis qu’il est devenu chef de l’opposition. Elle lui a fait confiance l’an dernier car elle a cru au changement. Comme beaucoup de ses concitoyens, elle était convaincue que Mario et son parti allaient représenter le monde ordinaire au sein du gouvernement.

Je lui rappelle qu’il n’est pas le seul à avoir été embarassé par cette nouvelle, que le premier ministre Charest recevait également un salaire de son parti. Elle me répond alors que c’est moins surprenant de la part d’un libéral après tout ce qu’on a entendu lors des audiences de la commission Gomery. Elle était cependant estomaquée d’apprendre que Mario, un gars des régions, grand défenseur des familles et des libertés individuelles, profite des ristournes du Directeur Général des Élections pour ajouter une telle somme à son salaire, totalisant ainsi une rénumération de plus de $200,000… Avant d’obtenir ses 41 sièges, 30% du vote et le statut d’opposition officielle, l’ADQ n’avait pas un sou. Maintenant que le parti reçoit une bonne allocation de l’État afin d’en assurer son fonctionnement, on décide d’en donner une bonne partie à son chef… Qu’est-ce qu’un parti peut bien faire avec plus d’un demi-million par année?

Nadine me confie qu’elle savait qu’elle gagnerait $7.25 de l’heure en acceptant son travail et que Mario, bachelier en économie, connaissait exactement la rénumération qu’il recevrait en tant que député. Elle ne comprend tout simplement pas pourquoi son salaire lui est insatisfaisant aujourd’hui. Que s’est-il passé dans la vie de Mario pour qu’il vise maintenant une rénumération aussi élevée? Son épouse a quitté son emploi? Ils ont pris une deuxième hypothèque sur la maison ancestrale? Nadine se console un peu en demeurant confiante que l’ADQ continuera le combat pour hausser le salaire minimum, suite au dépôt de la pétition qui fut déposée par le député Éric Charbonneau en décembre dernier. Je lui répond bien timidement que j’en doute.

Comme bien d’autres québécoises et québécois, Nadine ne fait plus confiance aux politiciens. Et elle ne votera sûrement pas pour Mario aux prochaines élections. Pour elle, le parti libéral et l’ADQ c’est du pareil au même. L’ambition personelle paraît plus importante que le bien commun. Elle me confie qu’elle a récemment lu son bouquin et qu’elle le rebaptiserait : « Avoir la courroie de ses ambitions ». À mon tour de lui laisser un sourire. J’ai déjà hâte de la revoir demain…

Cette histoire est basée sur des faits réels. Seuls quelques détails ont été ajoutés ou modifiés afin d’en faciliter la compréhension. Publié sur Un Homme En Colère le 13 mars 2008. Photo: Flickr – reidmix

vendredi 29 février 2008

Avoir les moyens de ses convictions

Je dois l’avouer, j’ai été agréablement surpris des réactions à la publication du rapport Castonguay. Je croyais que le gouvernement libéral, même minoritaire, serait sympatique aux recommandations et que le ministre Couillard se montrerait plus réceptif à un système de santé mixte. Toutefois, même si la plupart des propositions émises par l’équipe de travail ont reçu un accueil plutôt tiède, il faudra être vigilents. Les entrepreneurs n’ont pas habitude de baisser les bras, surtout lorsque les possibilités d’affaires sont alléchantes…

Le grand perdant dans tout ça? Mario Dumont et l’Action Démocratique du Québec. Croyant encore une fois hausser son niveau de popularité aux yeux de l’électorat, son porte-parole en matière de santé, Éric Caire, s’est empressé de monter sur la tribune pour vanter les mérites du rapport et nous annoncer que « les Québécois auront davantage de soins grâce à l’ajout de services privés ». Même s’il rejette l’idée d’une hausse de taxes, M. Caire exige tout de même la participation du secteur privé. Mais le système privé, il va le prendre où son fric? Non seulement gobera-t-il une partie de nos impôts, mais il demandera une franchise, imposera le plafonnement des remboursements, et refusera certaines réclamations… Et les compagnies d’assurances qui agiront en tant qu’intermédiaires pour le paiement des factures, elles vont faire ça bénévolement? Quels seront les impacts sur votre salaire si votre employeur décide d’adhérer à des couvertures supplémentaires? Payez-vous Sicko pour connaître le reste! Nous faire croire que l’arrivée du privé en santé nous fera économiser de l’argent et accéder aux soins plus rapidement… c’est nous prendre pour des cons.

« Un prince, et surtout un prince nouveau, qui veut se maintenir, doit bien comprendre qu'il ne peut observer en tout ce qui fait regarder les hommes comme vertueux; puisque souvent, pour maintenir son état dans l'ordre, il est dans la nécessité d'agir contre sa foi, contre les vertus de charité et même contre sa religion. Son esprit doit être disposé à se tourner selon que les vents et les variations de la fortune l'exigent de lui. » Machiavel - Le Prince

Lorsque Mme Jérôme-Forget a donné le mandat à Claude Castonguay de préparer un rapport sur la question, les deux autres partis politiques ont eu l’opportunité de nommer deux experts pour participer à cette étude et contribuer à proposer des recommandations. Mario Dumont a alors fait appel à Mme Joanne Marcotte, adjointe administrative et réalisatrice du documentaire pamphlétaire l’Illusion Tranquille. N’étant pas une politicienne professionnelle ou une économiste de grand renom, Madame Marcotte se montre sincère dans ses prises de position et dans la confiance qu’elle démontre envers les vertus de l’entreprise privée. Elle représente cependant ce qui est le plus surprenant avec le courant néoconservateur nord-américain : une travailleuse de la classe moyenne qui fait la promotion des idéaux de la classe économique dominante. Comme beaucoup d’adéquistes et de conservateurs, elle défend avec force et détermination les libertés fondamentales des petits conservateurs : celles qui confortent l’égoisme et l’individualisme parce que, par dessus tout, on doit pouvoir chosir et payer soi-même les services qu’on reçoit, on peut se lancer en affaires et devenir auto-suffisant. Les salariés deviennent les messagers de l’Institut Économique de Montréal et du Conseil du Patronat. Comme le faisait remarquer l’américain Thomas Frank lors des élections présidentielles américaines de 2004 :

« Au cours des années 1990, un « populisme de marché » a dominé, inspiré par les stratégies de communication de Wall Street. L’idée centrale était simple : le marché est l’essence de la démocratie, laquelle ne saurait se concevoir sans lui. Puisque nous participons tous au marché – en achetant des actions, en arbitrant entre deux marques de crèmes à raser, en allant voir un film plutôt qu’un autre, les marchés expriment le choix du peuple. Ils nous apportent ce que nous demandons, déboulonnent l’ancien régime, donnent le pouvoir au consommateur. Essayer de les réglementer ou vouloir contrecarrer leur effet ne peut alors constituer qu’arrogance et tentation tyrannique des élites éduquées qui veulent continuer à passer devant tout le monde… »

Les conseillers néophytes de l’ADQ et du Parti Conservateur s’inspirent de plus en plus des stratégies de la droite américaine afin de rallier les travailleurs aux idéaux économiques et de les détourner du traditionnel clivage entre les travailleurs et les patrons, pour finalement les amener à se dissocier de l’ensemble des citoyens qui prônent la solidarité. Je ne crois pas que la stratégie adoptée par ces deux formations politiques fonctionnera au Québec. Si on se fie aux traditions humanistes du peuple québécois, il est fort à parier que la position de Mario Dumont sur la privatisation des services de santé ne rejoindra pas celle de la majorité des citoyens. Ça, Jean Charest, Pauline Marois et Amir Khadir le savaient…

De toutes façons, Rockland MD s’est tiré une balle dans le pied…

Cet article a été publié sur Un Homme en Colère le 23 février 2008 et sur Cent Papiers le 24 février 2007

vendredi 22 février 2008

L’OTAN doit se retirer de l’Afghanistan

La semaine dernière, la rumeur d’élections fédérales commençait à être de plus en plus forte et le gouvernement de Stephen Harper démontrait un grand intérêt à perdre un vote de confiance qui permettrait de déclencher le processus. Les libéraux n’ont pas eu le courage d’affronter les conservateurs sur la question de l’Afghanistan, préférant annoncer qu’ils voteront contre le budget, prévu pour le 26 février prochain.

La veille, la Chambre des Communes sera donc appelée à voter sur une motion du Parti Conservateur concernant la poursuite de la présence militaire canadienne en Afghanistan. Cette proposition, qui sera sans doute modifiée pour répondre aux propositions des libéraux, ne change en rien la vraie mission du Canada - allié de l’OTAN – chargé de télégraphier les ordres du Pentagone vers ce pays lointain, endroit stratégique du globe où les américains doivent absolument faire sentir leur présence aux russes, aux iraniens et, bien sûr, aux chinois. C’est un rôle essentiellement militaire et politique que l’état-major canadien, actuellement en parfaite symbiose avec l’exécutif du parlement, est appelé à jouer dans ce pays envahi par les Etats-Unis. Comme le précise l’analyse de Guy Charron :

« D’un côté, les soldats sont utilisés comme chair à canon pour obtenir le respect que l’on donne au « prix du sang » dans les instances dirigeantes mondiales, avec d’immenses coûts pour la population civile afghane, y compris la subjugation économique et politique de leur pays. De l’autre, le Canada déploie une équipe ayant des pouvoirs similaires à ceux de ministres auprès du gouvernement Karzaï pour influencer et modeler la région en accord avec ses intérêts stratégiques fondamentaux. »

En moins de deux ans de pouvoir, il est peu probable que les conservateurs aient eu le temps de mettre au point des politiques extérieures aussi détaillées… Les américains sont sûrement dans le coup. Selon certains journalistes, les États-Unis ne tiennent pas vraiment à demeurer en Afghanistan. Un gouvernement fantoche ferait très bien l’affaire. Les américains veulent cependant paralyser les talibans et l’insurrection avant de plier bagages. L’OTAN fera très bien l’affaire… Les intérêts économiques entrent en jeu, les possibilités d’affaires se précisent. Ça allume les conservateurs et leurs amis des chambres de commarce…

Cette guerre n’est pas légale. Les États-Unis ont envahi l’Afghanistan pour prouver à la planète qu’ils étaient encore la plus grande puissance mondiale. Le Canada a décidé d’y participer et l’opposition n’était pas aussi grande qu’elle l’est aujourd’hui, un peu par solidarité à nos voisins du sud dont on ressentait le chagrin du moment. Aujourd’hui, la très grande majorité des sondages confirment que les citoyens canadiens sont contre la mission de guerre actuellement en cours mais qu’ils endossent la présence militaire, à condition que ce soit pour participer à la reconstruction du pays et assurer une vie paisible pour les afghans.

Les deux aspirants au poste de premier ministre sont incapables de prouver aux canadiens qu’ils respectent l’opinion publique. Comment peut-on parler de démocratie si les politiciens ne sont pas en mesure de modifier la nature de leur présence en Afghanistan afin de rejoindre les vrais traditions canadiennes en matière de politique étrangère? Avec un peu de courage et de créativité, on pourrait exiger le remplacement des troupes de l’OTAN par une délégation de casques bleus de l’ONU, ce qui contribuerait certainement à calmer la violence, causée principalement par la présence américaine en sol afghan. Le Canada pourrait alors être en charge de la mission de l’ONU et ainsi contribuer à la vraie reconstruction de ce pays dévasté par des années de conflits militaires… Encore aujourd’hui, l’armée américaine est celle qui a le plus important effectif avec 15,000 soldats. Le peuple afghan ne fait pas confiance aux américains. Il est impossible d’apporter la stabilité et la paix dans ce pays tant que nous serons perçus comme l’envahisseur.

Le sondage Léger d’aujourd’hui annonce que tout est possible pour les libéraux. Dion semble être prêt pour une campagne électorale. Son avenir politique se jouera donc plus tôt que prévu. S’il n’obtient pas au moins un gouvernement minoritaire libéral, il est foutu et le prochain chef arrivera très vite… Tout semble annoncer qu’il jouera la même carte que le parti conservateur en ce qui concerne l’Afghanistan. Il est essentiel que Jack Layton et Gilles Duceppe soulèvent sérieusement ce débat afin d’éviter que le prochain gouvernement appuie aveuglément les américains dans leurs visions impérialistes. Nous devrons être assurés que le Canada – et le Québec – soient encore perçus comme des peuples pacifiques, qui désirent sincèrement aider les citoyens de ce pays dévasté.

Cet article a été publié sur Un Homme en Colère le 15 février 2008 et sur Cent Papiers le 18 février 2007

Photo : Jayel Aheram – flickr

samedi 16 février 2008

Manifestation contre la privatisation des soins de santé au Québec

EN AVOIR POUR SON ARGENT !!!

Au lendemain du dépôt de son rapport au gouvernement Charest, tel est le titre de la conférence que donnera Claude Castonguay devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. C’est donc avec empressement qu’il dévoilera à ses « amis » le contenu de son rapport sur le financement de la santé !

DÉNONÇONS CE SCANDALE !

Manifestons notre indignation !

Le mercredi, 20 février 2008, à 12h00
au Delta Centre-Ville
777, rue Université,
Montréal

Y VA EN AVOIR POUR SON ARGENT !

Nous y serons !
Non à la privatisation des soins de santé
Soyons nombreux et nombreuses !

Communiqué du conseil central du Montréal métropolitain - CSN

mardi 12 février 2008

Le privé ne sauverait pas le public en santé

« Dès qu’on permet le financement privé d’un système de santé, ça occasionne des problèmes » Jean-François Landry, chercheur de l’IRIS.

Journal Le Métro, le 12 février - L’apport croissant du privé ne résoudrait pas les maux du système de santé.

«Le financement privé des services médicaux et hospitaliers s’avère au mieux inutile, au pire nuisible», a déclaré hier le chercheur de l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS), Guillaume Hébert.

Le système de santé du Québec est financé actuellement dans une proportion de 70 % par des fonds publics. Pour le reste, les usagers contribuent par l’entremise de programmes d’assurances ou leurs impôts, ce qui constitue des dépenses privées.


Plus coûteux, moins efficaces

Les chercheurs de l’IRIS ont avancé que des soins financés par le privé seraient plus coûteux, moins efficaces et moins accessibles que ceux prodigués dans le système public.
Ils donnent comme exemple l’Australie, où la privation partielle du système de santé a coûté 1,3 G$ à l’État. En Angleterre, avec l’arrivée du privé, la qualité des soins s’est considérablement dégradée.

«Dans une optique de justice sociale, ce n’est pas en se tournant vers le privé que seront régler tous les problèmes», a ajouté le chercheur de l’IRIS, Jean-François Landry.

Du même coup, les chercheurs de l’IRIS réfutent les arguments des tenants du privé qui reposent sur le vieillissement de la population ou les coûts galopants du système de santé. Selon eux, l’augmentation des dépenses en santé est attribuable à la hausse des prix des médicaments et non au nombre grandissant des personnes âgées.

Plutôt que de laisser une plus grande place au privé en santé, Guillaume Hébert et Jean-François Landry suggèrent, entre autres, de miser sur les soins à domicile. Ils encouragent
le gouvernement à négocier les prix des médicaments.

Rapport de l’IRIS : http://www.iris-recherche.qc.ca/docs/Note-sante_2008.pdf

lundi 11 février 2008

Pauvre petit pitou

Selon Michel David du Devoir, le député de la circonscription de Chambly, M. Richard Merlini, est une des rares vedettes de l'ADQ. C'est lui qui avait lancé un "pauvre petit pitou" au ministre Béchard lors de l'imbroglio causé par la visite de Stephen Harper à Rivière-du-Loup en décembre dernier. Les partisants de ce parti n'ont pas fait montre de beaucoup de retenue avec cette "maladresse protocolaire"...

Je me demande si Louise Beaudoin et Jean Charest chantonnaient du "pauvre petit pitou" en plaçant les appels téléphoniques qui ont permis la visite - in extremis - de Mario Dumont à Matignon?

Castonguay et la chambre de commarce

Montréal, le 11 février 2008. – Alors que le ministre de la Santé et des Services sociaux n’a toujours pas annoncé quand il entend rendre public le rapport du Groupe de travail sur le financement de la santé, les dirigeants syndicaux du Secrétariat intersyndical des services publics (SISP) sont renversés et choqués de constater que Claude Castonguay s’est engagé à dévoiler en primeur les conclusions de son rapport devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain et qu’il promet aux gens d’affaires qu’ils « en auront pour leur argent ».

Les dirigeants syndicaux du SISP réagissent ainsi à l’information publiée sur le site Internet de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain qui invite ses membres à un déjeuner-causerie, le mercredi 20 février prochain, avec Claude Castonguay. On peut y lire que la conférence intitulée « En avoir pour votre argent » permettra aux gens présents d’alimenter leurs « réflexions à l’égard de la question du financement de la santé en prenant connaissance en primeur du rapport du Groupe de travail sur le financement de la santé présidé par Claude Castonguay ».


Un manque d’éthique flagrant

Les dirigeants syndicaux du SISP ne comprennent pas comment Claude Castonguay a pu prendre un tel engagement envers les gens d’affaires, alors que les citoyennes et les citoyens du Québec ne savent toujours pas à quel moment la présidente du Conseil du trésor, Monique Jérôme-Forget, et le ministre de la Santé et des Services sociaux, Philippe Couillard, ont l’intention de rendre public le rapport.

« C’est un manque d’éthique flagrant et surtout un manque de respect inqualifiable envers l’ensemble de la population du Québec qui risque d’être affectée par les recommandations du rapport Castonguay. À quel titre les gens d’affaires méritent-ils d’être informés en primeur sur un sujet qui concerne tout le monde au Québec ? Claude Castonguay est-il si pressé d’aller recevoir les applaudissements des gens d’affaires parce qu’il s’apprête à leur ouvrir plus grandes les portes du lucratif marché de la santé au Québec ? », questionnent les porte-parole syndicaux.

Article complet : SISP

dimanche 10 février 2008

L’IEDM et la privatisation du transport en commun

Les chercheurs de l’Institut Économique de Montréal (IEDM) sont vraiment à court d’idées… Au lieu de concevoir des projets constructifs pour stimuler la croissance économique, ils se concentrent sur la privatisation des services publics, tout azimuts…

Leur dernière trouvaille : privatiser le transport en commun. L’Institut a même pris le soin d’inviter un expert américain afin de lancer sa nouvelle propagande qui gravite toujours autour du même argument : le privé fait mieux. M. Wendell Cox nous est présenté comme un chercheur associé et invité au Conservatoire national des arts et métiers de Paris, mais il possède avant tout sa firme de consultation et est membre émérite de plusieurs « think tanks » de la droite économique, dont le Frontier Center For Public Policy et l’Heritage Foundation.

Les systèmes de tranport public représentent une mine d’or pour nos entrepreneurs. Ils n’ont pas à concevoir une nouvelle idée, à investir dans la recherche ou faire preuve d’originalité. Le trésor est là qui les attend. Après des années d’investissements massifs de la part des gouvernements et des citoyens, voilà qu’il faudrait leur donner un autre morceau de notre patrimoine afin qu’ils puissent « créer de la richesse ».

Dans un article écrit par M. Cox et publié dans le quotidien The Gazette (repris intégralement sur le site de l’IEDM), on nous cite l’exemple de la privatisation de la société de transport de Denver qui, selon lui, est la preuve vivante de cette idée révolutionnaire. Cependant, lorsqu’on consulte les analyses du département américain du transport, on constate que plus de la moitié des économies réalisées suite au partenariat avec l’entreprise privée sont directement reliées à la diminution des salaires et des bénéfices alloués aux employés. Lorsque les premiers contrats ont été donnés aux transporteurs privés, il y avait compétition entre quelques joueurs, ce qui promettait « l’auto-régulation » des forces du marché. Quelques années plus tard, il ne restait qu’une ou deux entreprises importantes, fusions et acquisitions obligent…

Il faut se rappeler que plusieurs villes nord-américaines - dont Montréal - ont du racheter les compagnies de tramway et d’autobus dans les années cinquante et soixante car elles se sont montrées incapables de moderniser les équipements et plusieurs d’entre elles étaient en faillite. On peut donc se permettre de questionner les intentions de l’entreprise privée qui désire maintenant se réapproprier ce qu’elle n’a pas été en mesure de bien gérer par le passé! Qu’on se souvienne de la défunte Laidlaw - un des principaux transporteurs privés en Amérique du Nord et grand gagnant de la privatisation du réseau de Denver – qui a demandé la protection des tribunaux canadiens en 2001…

Il est primordial que les services de transport en commun soient contrôlés par l’état et qu’ils soient étroitement liés à un plan d’urbanisme sérieux et à une gestion restrictive du trafic routier. Si l’on reconnaît qu’il faut réduire la pollution, on doit s’assurer que les services publics sont soigneusement planifiés et d’en optimiser son utilisation par le plus grand nombre de citoyens et de travailleurs. Comme il surveille constamment ses intérêts et sa profitabilité, le privé ne pourrait pas offrir ce service à moyen terme et rien ne prouve qu’il pourrait faire mieux. Surtout lorsque l’expert recruté par leur Institut fait la promotion de l’étalement urbain et de l’utilisation de l’automobile pour le tourisme!

M. Wendell Cox maintient également plusieurs sites, dont Demographia, Public Purpose et Rental Tours .
Photo : Harry Halibut – Flickr

mardi 5 février 2008

Mario Dumont annonce sa retraite

Ce billet a été publié sur UHEC le 31 janvier dernier.

Ça y est, c’est maintenant officiel, Mario Dumont a décidé de prendre sa retraite. Après avoir vu des tonnes de publicités en cette période des REERs, il a décidé de quitter la vie politique.

C’est en demandant aux enseignants de « redevenir une figure d’autorité qui commande le respect des écoliers » que Mario Dumont a annoncé son départ comme député et chef de l’opposition officielle. Tout en jouant son rôle de politicien populiste, il vient de réaffirmer son désir de baisser dans les sondages et de perdre les prochaines élections.

La baisse de popularité que connaîtra Mario au cours des prochaines semaines est la répétition de ce qui s’est passé lors de la campagne électorale de 2003. Après avoir connu des heures de gloire, son parti redeviendra une erreur de parcours, un courant politique éphémère. Comme il le mentionnait lui-même dans son livre Avoir le courage de ses convictions, « l’expérience est la somme de nos erreurs… Manifestement, nous en avons fait plusieurs en seulement quelques mois…. ».

Que Mario comprenne bien : en exigeant le retour des coups de règle dans les classes, il s’attaque directement à la qualité de l’enseignement, non seulement par les professeurs mais par les parents également. Il vient de leur dire clairement qu’ils ne savent tout simplement pas comment « élever » leurs enfants. Pourtant, c’est lui qui mentionnait, toujours dans le même bouquin, que « l’école doit être un milieu riche, dynamique et créatif, où les jeunes se découvrent et apprennent à vivre en société… ».

Le modèle qu’il propose - celui inspiré par les conservateurs traditionnalistes de la vallée de l’Okanagan, par les républicains du midwest américain ou par les fondamentalistes religieux de tout accabit – sera mal reçu par la grande majorité des québécois. Il faut comprendre que faire la promotion du modèle patriarcal n’est pas aussi bien reçu de nos jours qui l’était sous le règne de Duplessis.

Mario aura tout de même connu une carrière politique intéressante. Il aura au moins prouvé que l’approche conservatrice, de droite et proche des vieilles traditions catholiques, ça ne « pogne » plus au Québec.

Au revoir Mario. Je suis certain que l’IEDM t’accueillera à bras ouverts.

À lire également: L’ADQ se dégonfle

dimanche 3 février 2008

Médias et démocratie

Et voilà donc Mario Dumont se portant à la rescousse de TQS. Après avoir pris la défense de Jeff Fillion, l’ADQ se fait maintenant le porte-parole du mouton plus- noir-que-jamais et exige « que le CRTC donne à ces réseaux les moyens de leurs ambitions… ». Pour un homme politique qui prône les bienfaits de la réduction de la taille de l’état, M. Dumont se sent bien généreux! Dans l’édition du 26 janvier du Devoir, Gil Courtemanche lui donne toute une gifle…

Pendant que la droite québécoise suggère l’intervention de l’état (….), les journalistes québécois se rencontrent le weekend prochain pour discuter des enjeux entourant les médias et la démocratie. Organisé par la Fédération Nationale des Communications (CSN) et présidé par la sénatrice Joan Fraser (ex-journaliste et éditiorialiste au quotidien The Gazette), le colloque demande à ses participants si « Informer est encore d’intérêt public? » Sur le site Internet, on peut y lire des dizaines d’articles, rédigés par des journalistes, politiciens et écrivains, qui tentent de lancer des pistes de réflexion sur les grands enjeux entourant le monde des médias d’information.

La programmation de l’événement permettra de débattre également sur l’importance que joue Internet, les nombreux sites d’information et les millions de blogues qu’on peut y trouver. Sur ce sujet particulier, voici quelques passages qui ont attiré mon attention sur le site du colloque et qui apportent des éléments intéressants au débat :


Pascal Lapointe, journaliste :
Effectivement, rien qu’avec les blogues, on assiste depuis 2003 à un phénomène extraordinaire: des dizaines de millions de citoyens prennent la parole, et certains de ces «amateurs» le font avec un talent qui ferait rougir d’envie certains professionnels.

Sur Internet, les plus militants des internautes rêvent justement d’un univers où on n’aurait plus du tout besoin des journalistes: c’est le mythe du «journaliste citoyen».

Le travail journalistique vaut de moins en moins cher? On l’a dit, les tarifs à la pige n’ont pas augmenté depuis 40 ans. Or, les tarifs sur Internet se situent dans la même fourchette. Et que dire des «journalistes citoyens» fiers de travailler bénévolement...


Daniel Marsolais, journaliste :
Certains, et je n’en suis pas, vont même jusqu’à se demander si cette «presse alternative», décrite aussi comme le contre-pouvoir du quatrième pouvoir, ne serait pas en train de devenir la solution de remplacement à la presse traditionnelle… Mais ça c’est une autre histoire et un excellent sujet de réflexion pour un autre colloque...

Quoi qu’il en soit, ce qui est tout à fait extraordinaire avec ce nouvel outil de communication, c’est son immense souplesse, sa très grande facilité de publication, sa non moins grande liberté éditoriale et sa formidable capacité d’interaction avec les lecteurs.

Et pour ceux qui, à juste titre, ont toujours été préoccupés par le pluralisme des sources d’information, ne trouvent-ils pas ici un outil non traditionnel qui contribue à faire avancer un tant soit peu la démocratie?

En dépit de tout, la plus grande force du web c’est peut-être de bousculer un peu l’ordre établi, et surtout de forcer l’industrie des mass-médias et ses artisans à se redéfinir. À cet égard, la question qui devrait être sur toutes les lèvres des journalistes de l’écrit par les temps qui courent est la suivante: combien de temps encore nos journaux, tels que nous les connaissons dans leur forme actuelle, tiendront-ils encore le haut du pavé?


Michel Nadeau, journaliste au Devoir (1974-1984) :
Rappelons que la démocratie n’est pas l’exercice du droit de vote mais l’accès au débat avant le vote. Les citoyens bâtissent eux-mêmes leurs médias et des réseaux à la hauteur de leurs intérêts; mais le web ne fournira jamais le jugement nécessaire pour évaluer et classifier cette mer d’information. Des experts seront nécessaires pour faire des liens entre des faits, pour apporter une solide crédibilité derrière certains propos.


Bernard Landry, ex-premier ministre du Québec :
Comme ceux qui respectent l’économie de marché ont le devoir de la surveiller et de la moduler pour sa propre sauvegarde, les garants de la liberté de presse doivent en prévenir les dérives potentielles à travers l’action collective, qu’elle soit étatique, citoyenne ou corporative.

samedi 2 février 2008

Fear of a blank planet



Mise à jour, le dimanche 3 février: Toutes les générations se posent la même question: pourquoi les jeunes sont "comme ci", pourquoi les jeunes sont "comme ça"? Aujourd'hui, les jeunes sont bombardés avec les questions reliées à l'environnement, la soif de richesse, les terroristes...

Fear of a blank planet. Pièce du groupe britannique Porcupine Tree.

Sunlight coming through the haze
No gaps in the blinds
To let it inside
The bed is unmade, some music still plays

TV, yeah it's always on
A flicker of the screen
A movie actor screams
I'm basking in the shit flowing out of it

I'm stoned in the mall again
Terminally bored
Shuffling around the stores
And shoplifting is getting so last year's thing

Xbox is a god to me
My finger on the switch
My mother is a bitch
My father gave up ever trying to talk to me

Don't try engaging me
The vaguest of shrugs
The prescription drugs
You'll never find a person inside

My face is smothered on
Curiosity is good enough for me
I'm tuning out his eyes
Pills are on the rise

How can I be sure I'm here?
The pills that I've been taking confuse me
I need to know that someone sees that
There's nothing left, I simply am not here

I'm through with pornography
The acting is lame
The action is tame
Explicitly dull, or rather a lull

Your mouth should be boarded up
Talking all day with nothing to say
Your shallow proclamations
All misinformation

My friend says he wants to die
He's in a band, they sound like Pearl Jam
Their clothes are all black
The music is crap

In school I don't concentrate
And sex is kinda fun, but just another one
Of all the empty ways of using up the day

How can I be sure I'm here?
The pills that I've been taking confuse me
I need to know that someone sees that
There's nothing left, I simply am not here

Bipolar disorder
Can't be any boarder
Bipolar disorder
Can't be any boarder

mercredi 30 janvier 2008

Le paradoxe de la politique

Au Canada, les deux partis politiques qui prônent la réduction de l'état, la transparence des politiciens et qui dénoncent le favoristisme, ne sont pas à l'abri des opportunistes et des carrièristes.

Comme je le soulignais dans mon billet du 10 décembre 2007, un ancien candidat de la défunte Alliance Canadienne et ex-responsable des finances de l'ADQ semble avoir gravit les échelons rapidement. Voilà qu'hier soir, Radio-Canada nous apprenait que M. Léo Housakos se retrouve sous les feux de la rampe dans une possible histoire de lobby et d'influence politique.

Messieurs Harper et Dumont: faites attention, les gens que vous dénoncez depuis des années semblent rôder tout tout près de vous!

Lire également: Harper aide intervened for Montreal developer

mardi 29 janvier 2008

Le redresseur de situations

Je suis honorable. Je le suis depuis 1992, lorsque Sa Majesté m’a en octroyé les droits et les avantages. Je ne comprend par pourquoi les gens ont été surpris l’automne dernier, lorsque le Premier Ministre m’a invité en m’interpellant comme le Compagnon de l’Ordre…

Pourtant, tous doivent se rappeler que mes Maîtres m’ont octroyé mon honorabilité suite à plusieurs années investies dans leur intérêt, autant comme greffier du Conseil Privé ou grand patron des fonctionnaires de l’État. Ma loyauté et ma détermination ont été récompensées par un autre honorable – très honorable apparemment - qui a su souligner « l’œuvre de toute une vie et le mérite exceptionnel pour avoir apporté une contribution extraordinaire au royaume et au bien de l’humanité. » Il ne faut jamais oublier que sous le règne de mes Maîtres, le royaume a courageusement participé à la guerre du golfe et à l’accord dit de Charlottetown… Avez-vous déjà oublié?

Lorsque Sa Majesté nous a permis de commercer librement avec le royaume du sud, mes Maîtres m’ont demandé de créer de la richesse en vendant un morceau du patrimoine. Tous les nobles du royaume étaient emballés par l’idée et ils m’ont promis leur plus grand support. La privatisation du chemin de fer fut un énorme succès, applaudie sur toutes les tribunes. Certes, il s’y perdit des milliers d’emplois, mais c’est le prix à payer pour permettre la croissance du royaume. Tous étaient d’accord après tout, sauf les gauchistes et les syndicaleux… Même le Prince d’un des territoires de l’empire, vous savez, ce grand espace où l’on parle une autre langue, a vanté le traité que nous voulions signer avec nos voisins du sud afin de faciliter le commerce. Les démocrates de l’époque, y compris ceux de nos voisins, ont tous endossés ce nouveau pacte de liberté économique, porteur de croissance et de richesse…

Suite à ce grandiose spectacle financier, on m’a interpellé afin de contribuer à la croissance d’une industrie qui devait accroître ses revenus et prioriser ses initiatives. Après avoir brisé l’entreprise en deux nouvelles entités, fermé sept usines et effacé plus de six mille emplois, deux grands symboles patriotiques firent leur apparition. J’ai contribué à redorer l’image d’un manufacturier de motoneiges et d’un autre, expert dans la fabrication de trains et d’avions. Une image de marque pour des jouets motorisés et une renommée internationale pour l’industrie du transport. Mes Maîtres et mes nobles amis furent encore une fois étonnés par mes capacités. J’ai du quitter - suite à quelques divergences d’opinion, mais ils ont promis de me donner quand même mille dollars par jour et ce, jusqu’à ma mort, en remerciements et en témoignage de leur générosité…

Mon expertise et mon « savoir faire » m’ont permis de sièger sur d’autres conseils, publics cette fois, mais assez privés pour me permettre de songer secrètement à vendre d’autres trésors patrimoniaux. Nous pouvions maintenant songer sérieusement à permettre aux plus puissants Princes de la planète de prendre possession de la « belle » compagnie de téléphone et du plus grand joyau de notre territoire : les alumineries.

Ai-je besoin de rappeler que j’ai continuellement contribué au progrès de nos terres et au-delà? J’ai fièrement siégé au Conseil de l’unité du royaume et présidé un Comité de coopération avec nos cousins continentaux…

Et comme j’ai prouvé à maintes reprises que je n’avais d’autre ambition que de contribuer à l’enrichissement de mes nobles confrères, qu’ils soient de notre royaume ou d’un autre, on me demanda alors de donner mon opinion sur le rôle que devait jouer l’armée de Sa Majesté dans cette grande guerre, celle contre les terroristes et les damnés. Dois-je répéter que je suis honorable et que je ne recherche que le bonheur de mes Maîtres et de mes nobles amis? Je leur ai donc recommandé de bien terminer le travail qu’ils avaient commencé.

Une guerre et une reconstruction. Des milliards de dollars disponibles aux nobles du royaume et de la planète entière. Noble cause et opportunités, le mariage parfait.

Je suis un expert. N’en doutez point. Je m’appelle Paul Tellier. I am Canadian, et je suis honorable.

La version originale de cet article a été publié sur Un Homme En Colère le 25 janvier 2008

dimanche 27 janvier 2008

L’industrie pharmaceutique est malade

Il y a une dizaine de jours, le réputé New England Journal of Medicine déclarait que les études scientifiques ne font aucune mention de presque la totalité – 89% - des résultats négatifs obtenus en laboratoire. Dans l’édition du Devoir du 18 janvier dernier, on reprennait la nouvelle et on nous rappelait que « … les antidépresseurs ne seraient pas aussi efficaces que ce qui est rapporté dans la littérature scientifique, où ne sont publiées en général que les études ayant abouti à des résultats favorables au médicament… ». Les manufacturiers sont montrés du doigt, les impacts sont considérables : « …il s'agit d'une forme de désinformation trompeuse qui peut inciter les cliniciens à prescrire en toute confiance un médicament alors qu'ils devraient demeurer très vigilants... ». Les experts de la Food and Drug Agency ne sont pas les seuls coupables dans cette néglicence. Est-il nécessaire de rappeler que les lobbyistes du monde pharmaceutique ont une très grande influence auprès de l’agence de réglementation? Entre 1997 et 2002 seulement, le monde pharmaceutique et médical a dépensé près d’un demi-milliard de dollars en activités de lobbying à Washington…

Du même coup, la Commission européenne a lancé cette semaine une enquête sur les grands laboratoires pharmaceutiques « …soupçonnés d'entraver la concurrence afin de retarder la commercialisation de produits novateurs et génériques. L'enquête vise à déterminer si les entreprises n'ont pas outrepassé l'interdiction faite par le traité, de pratiques commerciales restrictives. Sont notamment visés les règlements de litiges liés aux brevets. L'enquête vise également à s'assurer qu'aucun obstacle artificiel à l'entrée sur le marché, n'a été érigé. La commission soupçonne enfin l'utilisation abusive des droits de brevet, par des procédures contentieuses passibles d'un abus de position dominante.».

Pendant ce temps au Québec, les grands défenseurs du libre-marché ne cessent d’exiger l’amaigrissement de l’état et le transfert de la réglementation du commerce directement vers l’entreprise privée. Certains penseurs de la droite croient effectivement que le marché peut se surveiller lui-même et apporter des normes qui encadreraient judicieusement les activités du commerce libre. Un des invités au débat sur la pertinence du mouvement de gauche, diffusé le 11 janvier dernier à Télé-Québec, n’est jamais à cours d’arguments pour défendre une économie forte et responsable, complètement autonome devant un état réduit au maximum. Sur les pages du blogue libertarien « Le Québécois Libre », M. Martin Masse affirme que « …ce contrôle étatique a toujours été inefficace… les bureaucrates planificateurs n’ont tout simplement pas à leur disposition toutes les informations dispersées dans l’esprit de millions d’acteurs économiques qui leur permettraient de prendre les décisions appropriées… »

C’est justement ce que la Commission européenne et le plus grand journal médical reprochent à l’industrie pharmaceutique : le manque de transparence. On imagine fort bien l’importance des excès si les agences publiques ne seraient pas impliquées dans le processus de certification et de mise en marché des médicaments! C’est de la santé des citoyens dont il est question ici, pas de distribution de spiritueux ou de billets de loterie!

Les enjeux économiques autour de cette industrie sont plus grands que nature. Depuis plusieurs années, les grands manufacturiers avalent les plus petits et on ne sait pas quand va s’arrêter la vague de fusions des principaux laboratoires. Si ça continue comme ça, il ne restera que deux ou trois grands joueurs qui contrôleront la presque totalité des brevets pharmaceutiques! On me répondra peut-être que cette industrie occupe une place privilégiée dans l’industrie boursière, car elle génère - année après année - des profits faramineux qui font le bonheur des investisseurs. Je veux bien croire qu’il faut créer de la richesse, mais lorsqu’une industrie aussi importante que celle-là ne semble pas se précoccuper des effets néfastes de ses produits ou qu’elle ne veut pas coopérer à la distribution de médicaments dans les pays en voie de développement, il est primordial que les gouvernements s’en mêlent! Grâce à ses profits extraordinaires, l’industrie pharmaceutique contribue à faire fructifier les avoirs de ses dirigeants et des grands investisseurs, mais la rationalisation de ses opérations n’apportent absolument rien à la richesse collective. Est-il normal que les profits de 10 entreprises pharmaceutiques équivalent ceux dégagés par les 500 plus grandes compagnies américaines? Des dizaines de milliers d’emplois ont disparu depuis les dernières années et pendant ce temps, les dirigeants s’en mettent plein les poches : en 2002, le président de Bristol-Myers-Squibb récolte un salaire de 75 millions et celui de Wyeth empoche 40 millions. Les travailleurs et les citoyens n’y gagnent absolument rien.

Il est vrai, comme le fait remarquer à plusieurs reprises M. Masse dans ses nombreux textes que, comme plusieurs militants de la gauche, je ne suis pas un expert en économie et des lois du libre-marché. Mais j’en connais suffisamment pour être très inquiet du comportement des entreprises pharmaceutiques et je suis convaincu que des instances neutres, dirigées adéquatement par les gouvernements, doivent surveiller et règlementer les activités de ce secteur. Je ne comprend pas pourquoi on rejette l’idée de Pharma-Québec du revers de la main. Comment peut-on être contre le principe de négocier avec les manufacturiers de médicaments afin de réduire les coûts du système de santé?

Comme le mentionnait l’économiste John Kenneth Galbraith en s’adressant aux disciples de Milton Friedman : « …nous vivons une époque où les allégations d’incompétence publique vont de pair avec une condamnation générale des fonctionnaires, à l’exception, on ne le dira jamais assez, de ceux travaillant pour la défense nationale. La seule forme de discrimination toujours autorisée – pour être plus précis, encore encouragée – aux Etats-Unis est la discrimination à l’endroit des employés du gouvernement fédéral, en particulier dans les activités relevant de la protection sociale. Nous avons de grandes bureaucraties d’entreprises privées, regorgeant de bureaucrates d’entreprise, mais ces gens-là sont bons. La bureaucratie publique et les fonctionnaires sont mauvais… »

J’imagine que M. Galbraith n’y connaît rien en économie de marché…


La version originale de cet article a été publié sur Un Homme En Colère et Cent Papiers.

mercredi 23 janvier 2008

1500 décès par année à Montréal ou pourquoi annuler le projet de l’autoroute 25

Des chiffres troublants. La direction de la santé publique de Montréal révèle aujourd’hui « que les gaz à effet de serre produits par le transport routier ont un impact majeur sur la santé de la population urbaine. Outre les 1500 décès qu'on lui attribue annuellement, la pollution automobile serait aussi responsable de plus de 6000 cas de bronchites infantiles par an, rapporte l'organisme. »

Le parti libéral du Québec, appuyé par l’Action Démocratique de Mario Dumont, ont fortement appuyé et accéléré le projet de prolongement de l’autoroute 25. Combien de décès additionnels devrons nous prévoir suite à cette décision d’accomoder 67,000 véhicules de plus par jour?

Le PQ a reculé sur ce projet. Le Parti Vert et Québec solidaire y sont également opposés. Cette idée a soulevé une forte contestation. La majorité de la population est d’accord pour prioriser le transport en commun au lieu de plaire aux amis du PLQ qui veulent une part du gâteau des investissements en infrastructures ou des sympatisants de l’ADQ qui veulent conserver la liberté de prendre leur char pour aller travailler sur l’île.

Et si on me dit encore que, prendre une position comme celle-là c’est mettre un frein à l’économie, je répondrai qu’il serait mieux d’investir 130 millions dans les services de trains de banlieue actuels que d’en couler 350 millions dans un béton pas toujours reluisant.

Soyons sérieux si on veut vraiment arrêter ce cirque. Messieurs Charest et Dumont : svp revenez sur votre décision!

mardi 22 janvier 2008

Vert? ... demain

On avait même modifié ses couleurs, pour être à la mode et montrer ses préoccupations pour l’environnement. Aux dernières élections provinciales, y’avait du vert dans le PQ. Avec l’objectif fort louable de renouer avec le peuple, faut bien parler des soucis planétaires… sans oublier les régions!

Certains parlent d’augmenter la superficie des espaces protégés et s’opposent radicalement à la privatisation d’un parc national. D’autres rappellent cependant l’importance du commerce pour les régions. Comme Mario Dumont le fait pour promouvoir un port méthanier à Rivière-du-Loup, on supporte rapidement un enjeu économique sans tenir compte de tous les éléments. Le député de Chicoutimi, Stéphane Bédard, s’oppose aux restrictions imposées aux montoneiges car « de nombreux établissements touristiques en périphérie des grands centres urbains vont subir de lourdes pertes à cause de cette décision ».

M. Bédard aurait du pousser son analyse un peu plus loin. Car, comme le mentionnait Brigitte Breton dans Le Soleil du 21 janvier, « les motoneiges disposent de 33 500 kilomètres de pistes balisées dans toutes les régions. Seulement 120 kilomètres se retrouvent toujours dans les parcs nationaux. »

Mme Breton souligne également que « le problème n’est pas insurmontable. La preuve, une solution a été trouvée pour le parc des Hautes-Gorges. Il s’agit d’avoir la volonté d’agir, mais surtout, ne pas en faire une lutte à finir entre écolos et adeptes de motorisés. »

C’est bien beau lancer des idées pour se rapprocher de l’électorat, mais faudrait quand même pas adopter l’approche adéquiste… même dans son style!

samedi 19 janvier 2008

Le baîllon pour Kucinich

Le système bipartite américain prouve une fois de plus que la démocratie en Amérique est en très mauvaise posture. J’ai encore une fois eu cette conviction lorsque j’ai appris ce matin, lors de ma visite habituelle sur les Carnets Dédalus, qu’un des aspirants à l’investiture du parti démocrate, Dennis Kucinich, a été écarté du débat de mardi dernier suite à une décision controversée du réseau NBC.

Kucinich avait reçu confirmation du réseau de télévision car son profil respectait les critères qui permettent de participer à de telles rencontres publiques. Quelques jours avant le débat, son organisation a appris qu’il ne serait pas invité au débat. L’histoire s’est terminée en cour de justice où le magistrat a jugé que NBC devait inclure le quatrième candidat à l’émission devant être présentée en direct le 15 janvier. Le télédiffuseur a modifié les critères de qualification et Kucinich n’a finalement pu se joindre aux candidats vedettes - Clinton, Obama et Edwards - pour débattre des enjeux politiques américains.

Invité par Amy Goodman du réseau Democracy Now!, il a finalement eu l’opportunité de partager ses positions et ses solutions pour les grands problèmes de l’Amérique. Seul candidat radicalement opposé à l’invasion de l’Irak en 2003, Kucinich se démarque des autres candidats démocrates par sa compréhension unique des enjeux et des solutions qu’il préconise à court terme. Il exige notamment un retrait immédiat des troupes américaines en Irak et se dissocie complètement de l’importance des prérogatives militaires, comprennant qu’il pourrait même se faire traiter d’anti-patriotique.

Les différences entre les trois "principaux" candidats démocrates sont minces. Une femme, un homme de couleur, un troisième jouant la carte de l’honnêteté. Ça, ce sont les images projetées. Les ressemblances entre le parti démocrate et le parti républicain en ce qui concerne la politique étrangère, le rôle de l’armée et l’économie sont frappantes. Le système bipartite ne fonctionne pas.

Et au Québec, il se passe quoi avec la réforme du scrutin Monsieur Dumont?

jeudi 17 janvier 2008

Idée d’un gauchiste

Des milliers d’amateurs de chars se déplaceront en fin de semaine afin de voir et toucher les prochains modèles qui seront lancés au cours des prochains mois. C’est beaucoup plus de monde qu’à une manifestation pour Kyoto. Le groupe français Dassault y présentera la toute nouvelle version de sa voiture électrique Cleanova. Le moteur a été conçu par TM4, une filiale d’Hydro-Québec qui a commandé quelques véhicules l’an dernier.

Ça fait des années qu’on entend parler de ce projet et, finalement que le produit est commercialisé, le Québec n’est pas dans la course. Le lancement d’une usine de fabrication de voitures électriques à 100% serait le type de projet mobilisateur où le talent et la détermination rassembleraient les québécois. Serait-il permis de penser que des entreprises comme Bombardier, Prévost et Hydro-Québec puissent s’associer avec Dassault pour construire une voiture électrique au Québec… abordable, même sans contribution gouvernementale? Ça nous ferait un p’tit retour sur investissement! Ça nous aiderait à atteindre les objectifs de réduction des GES.

Une idée comme celle-là est probablement irréalisable ici au Québec, me direz-vous. Manque de liquidités? Ingérance gouvernementale? Forces naturelles du marché s’opposant au moteur électrique? Main-d’œuvre trop dispendieuse? Climat? Marché?

On dit souvent que les citoyens sont opposés aux grands projets. Personnellement, j’aimerais bien entendre des idées nouvelles de la part de nos entrepreneurs. Ça ferait changement des ventes d’entreprises et des restructurations…

Voir également : La voiture de demain est arrivée

samedi 12 janvier 2008

Je lève mon verre à Dan Bigras

Je ne suis pas un grand fan de l'émission "Il va y avoir du sport". Je ne passe pas beaucoup de temps devant le téléviseur de toutes façons. Mais je ne voulais pas manquer l'épisode d'hier soir à Télé-Québec car on y présentait un "débat" qui a suscité mon intérêt: "la gauche est-elle démodée?".

Dans le coin gauche, le professeur en économie à l'UQAM, Gabriel Sainte-Marie, me rappelait ces animateurs d’assemblées de cuisine des années 70. Des phrases chocs, des clichés, et il s'est fait "ramassé" lorsqu'il a parlé du problème des hypothèques aux États-Unis. M. Sainte-Marie est probablement plus doué à l'écriture qu'aux discours... Amir Khadir n'était pas à la hauteur, loin de sa performance à "Tout le monde en parle" l'an dernier. Les deux pugilistes de gauche n'ont pas été en mesure de bien affronter leurs adversaires, incapables d'adapter leurs répliques. Les arguments étaient faibles, manquaient de profondeur et rataient la cible la plupart du temps.

De leur côté, les représentants de la droite démontraient un certain calme. La stratégie de Michel Kelly-Gagnon du Conseil du Patronat a bien fonctionné, signe d'un homme d'affaires qui a l'expérience des débats et des discours. Il s'est montré ouvert au courant de gauche en suggérant que ce mouvement se modernise et s'adapte aux réalités du marché. Signe des temps, il a utilisé les pays scandinaves comme exemple et a essayé de déstabiliser ses adversaires. Je crois que ça a fonctionné. De son côté, Martin Masse était également bien préparé et il n'avait aucun problème à défendre les idéaux de la droite économique et même de la droite politique, ce qui est assez rare ici au Québec.

Michel Kelly-Gagnon a soulevé un point intéressant: la gauche devrait peut-être songer à modifier son approche. Sans être obligés de diluer leur discours, les représentants de la gauche devraient sans doute se questionner sur la portée de leur message et de sa perception. Raffiner les arguments, les ramener un peu plus près des préoccupations des citoyens sans tomber dans le populisme et la démagogie... c'est possible. Certaines personnalités publiques adhérant aux idées progressistes en sont capables. Amir Khadir et Gabriel Sainte-Marie n'y sont pas parvenu hier soir.

Par exemple, la gauche aurait pu leur rappeler que c'est le privé qui est parfois "interventionniste". Depuis les années trente, des services publics ont été repris par les gouvernements parce qu'ils étaient presqu'inexistants ou défaillants... Entres autres, maintenant que les services de santé sont universels et gratuits, que les hôpitaux et structures sont bien en place, c'est le privé qui veut s'en accaparer. Les tenants de la gauche ne veulent pas nationaliser tout ce qui est lucratif, c'est plutôt le contraire. C'est ce genre d'argument qui aurait pu être lancé hier soir...

Comme Dan Bigras avait le dernier mot, sans droit de réplique de la part des invités, c'est lui qui a sauvé les meubles! Avec son style habituel, il a parlé avec ses trippes. Il a su défendre, en quelques phrases bien ficelées, les préoccupations de la gauche et a présenté quelques solides arguments. Ce que Khadir et Sainte-Marie n'ont pas été capables de faire.

jeudi 10 janvier 2008

La gauche est-elle démodée?

Demain soir en deuxième partie de "Il va y avoir du sport":

Vive les riches, à bas les pauvres! En fait, c’est comme si tout le mode acceptait l’ordre capitaliste, l’économie de marché et la démocratie représentative comme des données aussi objectives qu’incontestables, à un point tel que certains se demandent même s’il y a encore une place pour la gauche sur notre échiquier politique. Dans ce contexte, la redistribution de la richesse et les politiques sociales apparaissent comme des fictions nostalgiques; plus encore, elles semblent être l’origine de tous les maux, des freins au changement et à la prospérité.

Pourtant, ici comme ailleurs, il y a des ghettos de la misère, des forteresses de chômage, des démunis en nombre croissant... Chez nous, la situation se complique dans la mesure où la gauche a été associée au projet souverainiste. Dans un Québec peureux, frileux, viscéralement centriste qui peine à discerner sa droite de sa gauche, nous nous demandons si la gauche est démodée. Avec comme panélistes : Martin Masse, directeur du Québécois libre, et Michel Kelly-Gagnon, président du Conseil du patronat du Québec; Amir Khadir, porte-parole de Québec Solidaire, et Gabriel Sainte-Marie, économiste à la Chaire d'études socio-économiques de l'UQAM.

Lucide et productif vous dites?

« … Encore faut-il que nous évitions de blâmer les autres pour nos propres problèmes et prenions nos responsabilités en faisant, individuellement et collectivement, les choix qui s’imposent. Et que nous ne ménagions aucun effort pour faire du Québec un lieu inégalé de liberté intellectuelle et économique afin d’ouvrir les vannes de l’énergie, de l’originalité et de la créativité.

Quels devraient être les objectifs des Québécois pour les prochaines décennies? Les mêmes que depuis toujours. Le Québec doit continuer à se développer, économiquement et socialement, afin d’assurer le mieux-être de ses citoyens.

À l’heure actuelle, le discours social québécois est dominé par des groupes de pression de toutes sortes, dont les grands syndicats, pour qui l’action ne se limite-t-elle pas trop souvent à une protection à courte vue des intérêts de ses membres?

Il faudrait aussi se défaire de la méfiance malsaine qui s’est développée dans certains milieux à l’égard du secteur privé… on dénonce les gens d’affaires à qui mieux-mieux, jusqu’à soupçonner leurs motifs lorsqu’ils contribuent temps et argent à la philanthropie. Ce faisant, on se prive encore de ressources précieuses, en particulier pour le financement des infrastructures… »
Manifeste des lucides – octobre 2005

Depuis ce fameux manifeste, une multitude de partisans de la liberté économique ont travaillé sans relâche pour nous rappeler les grandes vertus et les bénéfices éternels de cette école de pensée. Les militants conservateurs et adéquistes, les professeurs et chercheurs des instituts de recherche sur l’économie et plusieurs blogueurs défendant leurs idées, ont travaillé sans relâche pour promouvoir l’idée que la révolution tranquille fut une erreur et qu’il faut maintenant démanteler et privatiser les services publics. Ils rédigent des rapports exhaustifs, ils sont invités sur toutes les chaînes de radio et de télévision, ils écrivent des articles et des éditoriaux dans les grands journaux et magazines.

Les trois principaux partis politiques québécois endossent la plupart de leurs doctrines. Il faut créer de la richesse. Il faut réduire les impôts. Il faut être productifs. Il faut privatiser les soins de santé et autres services publics. Il faut prendre en considération les intérêts économiques avant s’attaquer aux problèmes environnementaux… Il le faut!

Le mois dernier, le Centre canadien de politiques alternatives (CCPA) publiait son rapport annuel sur la compensation des dirigeants d’entreprises canadiennes. On y apprennait que le salaire moyen des 100 présidents (CEO) les mieux payés au Canada était de $8,528,304.00 en 2006. Alors que le salaire moyen des travailleurs est de $39,000.00, ces présidents n’auront qu’à travailler pendant quelques heures afin de récolter le salaire annuel canadien. En 1998, ils empochaient en moyenne $3,457,150.00 par année. Une augmentation de 146%. En contrepartie, les salaires des employés ont augmenté de 18%. Méfiance malsaine vous dites?

J’entend déjà mes amis de l’ADQ ou de l’aile droite du PQ me traiter de gogauchiste et de ne rien comprendre à la rénumération de nos dirigeants. Ils me diront qu’il faut récompenser le talent, qu’il faut retenir nos héros avant qu’ils ne s’exilent. Ils me vanteront le courage de ces leaders prêts à tous les risques pour assurer la rentabilité de l’entreprise, dévoués à la croissance et à la rationalisation des activités, préoccupés par le retour aux actionnaires. Je leur rappelle à tout coup que je travaille dans l’entreprise privée, que je respecte le travail acharné de certains dirigeants compétents et que je comprend les difficultés de diriger une entreprise dans un marché extrêmement compétitif… Mais tout de même!

Si vous êtes le président d’une entreprise de 1,000 employés, vous n’êtes toujours pas le seul à faire fonctionner l’entreprise… En plus de tous les autres gestionnaires qui vous entourent, il y a des centaines d’employés qui prennent leur boulot sérieusement et qui s’assurent que les produits ou services sont livrés aux clients selon leurs attentes. Et les ventes augmentent, les profits s’améliorent, les bénéfices prennent du mieux. Quand s’arrêtera ce culte du président, cet être ultime responsable de tous les résultats de l’entreprise?

Plusieurs dirigeants d’entreprises canadiennes reçoivent des sommes supplémentaires (bonus) reliées à la performance de l’entreprise. Il n’est pas rare de constater qu’un président reçoit un cadeau de quelques millions suite à des mises à pied massives. Et que dire des régimes de pension et des primes de départ? Par exemple, est-il acceptable que le président de Bell Canada se voit octroyer chèque de $30 millions suite aux décisions qu’il a imposées? La valeur de l’action ne s’est jamais améliorée sous son règne et il a décidé de vendre l’entreprise, retirant du marché boursier un des symboles de l’économie canadienne. Sans compter que les nouveaux propriétaires vont probablement liquider les actifs, vendre les filiales et procéder à d’autres licenciements…

Il est grand temps que les compagnies – du moins celles qui appartiennent à des actionnaires – se dotent de règles de saine gouvernance. La majorité des employés investissent le temps et l’énergie nécessaires pour bien faire leur travail et sont préoccupés par le succès de l’entreprise où ils travaillent. Le fait qu’ils reçoivent une augmentation salariale de 2% - ce qui couvre l’inflation – n’aide toutefois pas à les rapprocher de l’idéal économique. Et dire que certains veulent abolir le salaire minimum… Assurer le mieux être de ses citoyens, vous dites?

Lire également :
38 100$ par jour – éditorial de Brigitte Breton, Le Soleil du 5 janvier 2008
"Kleptocratie" en entreprise – journal Les Affaires, juillet 2007
Principes de bonne gouvernance pour la rémunération des dirigeants

La version originale de cet article a été publié sur Un Homme En Colère le 8 janvier 2008

dimanche 6 janvier 2008

Gaz naturel : Mario Dumont a trahi ses membres

La version originale de cet article a été publié sur Un Homme En Colère le 4 janvier 2008.

Lors du soulèvement contre le projet du Suroît, Mario Dumont et l’ADQ avaient appuyé la population en demandant au premier ministre Jean Charest d’abandonner la construction d’une centrale alimentée au gaz naturel. Le point de presse de Dumont à l’Assemblée Nationale du 19 janvier 2004 était sans équivoque : ce projet était contraire aux objectifs de Kyoto et représentait un mauvais investissement sur les plans énergétique et scientifique (1).

Dans son programme électoral, l’ADQ s’engage à promouvoir le développement des énergies « propres » comme l’hydroélectricité, l’énergie éolienne, la géothermie et l’énergie solaire. La formation politique promet également de s’engager dans la lutte aux changements climatiques et d’atteindre les cibles du protocole de Kyoto (2).

Mais voilà que les ambitions écologiques de Mario Dumont entrent en collision avec la mission fondamentale de son parti : le développement économique. Quelques jours avant Noël, le chef de l’opposition a donc décidé d’appuyer les libéraux en donnant son accord au projet de loi 204 qui donne le feu vert à la construction du port méthanier Rabaska. Trois semaines plus tôt, le chef de l’opposition avait participé à une rencontre entre le premier ministre Stephen Harper, la chambre de commerce de Rivière-du-Loup et les promoteurs du projet de Gros-Cacouna (3).

Non seulement ces appuis aux deux ports méthaniers semblent être en contradiction avec le programme de son parti et ses positions antérieures sur l’environnement, mais Mario Dumont ne semble pas être préoccupé par la sécurité de ses électeurs. En effet, le gouvernement du Canada s’est encore opposé à un projet similaire en refusant un droit de passage maritime essentiel à un futur port méthanier aux Etats-Unis. Le premier ministre Harper refuserait d’obtempérer à une demande officielle qui exige que le Canada permette à des navires de baigner en eaux canadiennes afin d’atteindre un port méthanier qui serait construit dans l’État du Maine. Selon le gouvernement canadien, « il serait beaucoup trop dangereux de permettre aux pétroliers d'emprunter ce passage, l'un des moins sûrs au Canada… ». Le député néo-brunswickois Greg Thompson a par ailleurs mentionné que « les risques qu'un déversement survienne étaient tout simplement trop élevés pour permettre aux pétroliers d'y passer. » (4)

Les bateaux devront donc naviguer dans le détroit de Head Harbour afin d’atteindre le port méthanier de Pleasant Point (5). Ce plan d’eau, considéré par le gouvernement canadien comme étant problèmatique à la navigation, ne semble effectivement pas beaucoup plus large que le fleuve St-Laurent en face de l’Ile d’Orléans… Est-ce que les gouvernements canadiens et québécois ont utilisé les mêmes normes pour calculer le niveau de danger pour la navigation maritime ici même au pays?

La demande en gaz naturel connaît une hausse importante aux Etats-Unis. Les américains se voient donc obligés de se tourner vers l’importation de gaz naturel liquide (LNG) mais l’opposition du public aux ports méthaniers et les nouvelles restrictions associés à la protection du territoire, rendent la vie difficile aux promoteurs. Comme c’est l’usage avec les paquebots, nos voisins du sud obligent les pétroliers à être escortés par des navires militaires afin d’accéder au port méthanier. Ces navires ont l’autorisation d’intercepter une embarcation qui se retrouve trop près du pétrolier et si elle représente une menace à la sécurité territoriale. La construction de ces installations à l’extérieur des zones densément peuplées ou (idéalement) en territoire canadien, représente actuellement la solution privilégiée par les autorités américaines. La construction d’un port méthanier est déjà lancée à St-Jean (N.-B.) et d’autres sites sont considérés en Nouvelle-Écosse et au New-Jersey (6).

Toutefois, le promoteur du port méthanier de Pleasant Point a demandé au gouvernement américain de fermer le gazoduc canado-américain si le Canada refuse l’accès des pétroliers vers leurs installations. En se basant sur les règles de la liberté d’entreprise et de la saine concurrence, la compagnie Quoddy Bay demande donc au président Bush de convaincre son homologue canadien de favoriser l’économie au détriment de la sécurité (7).

Seuls les partis d’opposition auraient pu faire entendre les voix des citoyens qui contestent le projet Rabaska. Si j’avais voté pour l’ADQ et Mario Dumont, je serais fort déçu de la tournure des évènements. Même dans l’optique où l’on est d’accord avec ce mode d’approvisionnement énergétique, on peut au moins questionner le choix du site.

Garde côtière américaine escortant un cargo de gaz naturel (LNG tanker) dans le port de Boston

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(1) Point de presse de Mario Dumont, Assemblée Nationale du Québec, le 19 janvier 2004.

(2) Programme de l’ADQ 2007 – Environnement : construire l’avenir en vert.

(3) Gaz naturel: Harper aurait refusé une demande de Bush.

(4) De grosses affaires à Rivière-du-Loup?

(5) Carte : http://www.epodunk.com/cgi-bin/genInfo.php?locIndex=2297

(6) Canaport LNG fournira 20% de la demande en gaz naturel dans les états de la Nouvelle-Angleterre

(7) Quoddy Bay Delivers Letter to Secretary of State.

vendredi 4 janvier 2008

Malaise à Radio-Canada

La version originale de cet article a été publié sur Un Homme En Colère le 1er janvier 2008

Comme plusieurs âmes solitaires qui n’avaient pas trouvé d’occasion pour sauter vers 2008, j’ai décidé hier soir de passer une petite soirée familiale devant le petit écran. Radio-Canada proposait quand même une programmation intéressante mettant en vedette ses meilleurs satiristes : Gérard D. Laflaque, Infoman et RBO.

J’ai également accepté la proposition des enfants de regarder la dernière émission de La Fureur diffusée en direct de Québec à vingt heures. Je ne suis pas un grand fervent de ce genre d’émission mais je me suis dit qu’une heure de karaoke familial contribuerait peut-être à installer une ambiance de fête dans notre modeste demeure.

Lorsque le chanteur Alain François a interprété son succès « C’est pour quand la coupe Stanley? », j’ai d’abord ressenti un petit malaise… Des figurants sont apparus sur la scène vêtus de chandails du Canadien. Je me suis dit que la foule présente au Palais de la Jeunesse ne la trouverait pas très drôle… Des amis de Québec m’ont souvent répété qu’ils en avaient marre de Radio-Canada et de sa polarisation sur le marché de Montréal… J’étais mal à l’aise devant ce qui me semblait être une erreur de scénarisation…

Je me suis trompé… Quelques secondes plus tard la foule est en extase devant l’apparition des danseurs arborant l’uniforme des défunts Nordiques. C’est l’euphorie dans la salle… Et on en remet encore : des participants arborent les couleurs des Remparts de Québec! Je suis heureux de constater que l’équipe de réalisation de l’émission ait porté une attention particulière au public de la capitale nationale. Pour une rare fois, Radio-Canada prenait soin de séduire les téléspectateurs de Québec.

J’ai toutefois compris l’arnaque de ce geste lorsque Véronique Cloutier a pris la parole à la fin du numéro. Elle a remercié de façon presque royale Josée Verner pour son implication dans ce projet qui a permis de monter la dernière émission de La Fureur à Québec. Je n’avais pas remarqué que Le Soleil l’avait déjà annoncé en novembre dernier : c’est madame Verner qui a eu l’idée et elle y contribuait personnellement depuis plusieurs mois. Son ministère du Patrimoine y a même injecté $300,000… Le Parti Conservateur vient de marquer des points dans la région de Québec en se servant de l’argent des contribuables… J’entend déjà les gens de Québec nous dire qu’avec les conservateurs, la vieille capitale occupera un peu plus de place. Quand on est écoeurés d’entendre parler des intellectuels du Plateau…

Une autre chose m’a également surpris pendant la deuxième partie de la soirée : est-ce que Radio-Canada a exigé d’appliquer les règles du débat des chefs aux émissions de Laflaque, Infoman et RBO? On s’est bien payé la tête de Charest, Dumont et Marois… mais aucun clin d’œil à Françoise David, Amir Khadir ou Scott MacKay. Pourtant, comme l’ont prouvé les Zappartistes, il n’est pas très difficile de lancer quelques blagues sur ces deux formations politiques!

Comme c’est la tradition, après le Bye Bye, les gens célèbrent l’arrivée du nouvel an et se remémorent déjà les bons moments de la soirée et des discussions intéressantes peuvent en découler. Peu de chance qu’on parle de Québec solidaire et du Parti Vert en sablant le champagne. Ils n’ont pas de sièges à l’Assemblée Nationale, que voulez-vous!

mercredi 2 janvier 2008

Je suis adéquiste!

Je suis tombé par hasard sur cette caricature et d'André-Philippe Côté publié dans Le Soleil du 28 décembre... Je ne pouvais m'empêcher de l'afficher ici accompagné d'un petit texte vraiment rigolo... En attendant de pondre un texte un peu plus sérieux... j'y travaille!

"Mario Dumont est le maître de la formule-choc. Il a compris que le temps d'antenne d'un politicien durant un bulletin de nouvelles est de cinq secondes en moyenne. Il a donc développé une pensée politique qui peut s’écrire sur un Post it. Avec lui, pas de grands et longs discours tarabiscotés qui se salmigondisent en paraboles superfétatoires.

Mario est direct. Clair. Bref. Ses idées s'expriment toujours en trois secondes ou moins. J’avoue que ce sens de la formule m’épate parfois. Je serais même tenté de voter pour lui s’il était élu pour gouverner pendant... trois secondes." André-Philippe Côté

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mardi 1 janvier 2008

Le temps des fêtes (8) – ils vieillissent les porcs

Comme le mentionnait si bien Mia Farrow dans le clip que j’ai affiché hier: une poignée de porcs qui dirigent la planète… Jacques Brel nous rappelle ici que les cochons deviennent bêtes en vieillissant…



Je vous invite à visiter le site "Un homme en colère" sur lequel j'ai publié un commentaire sur la soirée télévisuelle du 31 décembre à Radio-Canada.

Bonne année à vous tous! Et merci de visiter le blogue…

lundi 31 décembre 2007

Le temps des fêtes (7) – l’événement médiatique de 2007

Si vous n’avez jamais écouté Mia Farrow lors de son passage à Tout Le Monde En Parle, c’est un « must ». Si vous étiez devant votre téléviseur ce soir là, réécoutez ce bijou de la télévision. Mia Farrow y donne une prestation exceptionnelle pendant les 4 premières minutes de ce clip.

Notre ennemi maintenant, c’est l’indifférence
et le sentiment d’impuissance face au pouvoir.
Mais c’est nous qui avons le pouvoir.
Est-ce juste une poignée de porcs qui dirigent la planète
en fonction de ses intérêts égoistes?
Les voulons-nous pour nous représenter?
Alors, c’est la fin de la planète…

dimanche 30 décembre 2007

Le temps des fêtes (6) – drôle de planète

La propagande des lucides ne date pas d’hier… Dans cette deuxième partie d'un court métrage d’animation réalisé en 1956 pour le compte de l’Association Américaine du Pétrole (American Petroleum Institute), des dissidents martiens apprennent que le pétrole et la compétition sont les deux grandes « valeurs » américaines. Réalisé par John Sutherland.

samedi 29 décembre 2007

Le temps des fêtes (5) – si j’étais président



Wyclef Jean – If I was President

If I was President, if I was President, if I was President
Instead of spendin' billions on the war,
I could use that money so I can feed the poor.
Cause I know some so poor, when it rains that's when they shower
Screamin' "Fight the power!" That's when the vulture devours.
If I was President,
I'd get elected on Friday,
Assasinated on Saturday,
Burried on Sunday. Then go back to work on Monday

vendredi 28 décembre 2007

Le temps des fêtes (4) – les idées de Mario

Nous sommes partis des considérations théoriques suivantes: ce qu’un homme pense est relativement peu important. Cela dépend en grande partie du hasard, du type de slogans qu’il entend, du parti auquel il appartient par tradition ou conditionnement social, des idéologies qui l’atteignent. De ce fait, il pense plus ou moins ce que pensent aussi les autres. C’est un signe de la tendance de l’homme à l’adaptation et de son manque d’indépendance. C’est ce que nous appelons l’opinion. On peut facilement changer d’opinion. Elle tient seulement tant que les circonstances restent les mêmes. Et, pour le dire tout de suite en passant, ce sont bien là les grands inconvénients de tous les sondages d’opinion qui, précisément, ne questionnent que les opinions; la nature même de ces tests vous empêche de poser la question : Que feriez-vous demain si les circonstances étaient tout à fait différentes? Or c’est cela qui compte en politique, et non pas en première ligne ce qu’un individu pense à ce moment même. Ce qui importe, c’est sa façon de vivre et d’agir. Elle dépend de son caractère. Et si on pose la question de cette façon, on aboutit à un autre concept, celui de conviction. La conviction est une opinion enracinée dans le caractère d’un homme et pas seulement dans sa tête. La conviction naît de ce qu’il est, tandis que l’opinion ne provient souvent que de ce qu’il entend… - Erich Fromm, 1974.