samedi 15 décembre 2007

Mario sur la montagne

« Si quelqu'un enseigne autre chose, et ne s'attache pas aux paroles solides, celles de notre Seigneur Jésus Christ, et à l'enseignement vraiment religieux, un tel homme est plein de lui-même, il ne sait rien, c'est un malade de la discussion et des querelles de mots. » Timothée, 6,3

J’imagine déjà mononcle Hervé reprendre la bonne parole de Mario Dumont lors du prochain souper de Noël… Lui qui, la veille, aura effectué sa visite annuelle à l’église afin d’y acheter son laisser-passer pour le paradis et la vie éternelle. Il nous rappellera l’importance de la messe de minuit parce qu’elle nous ramène à notre enfance, parce qu’on peut y entendre la chorale qui a travaillé fort toute l’année pour nous offrir des cantiques et qu’il n’était pas le seul à avoir une haleine d’alcool lors de l’eucharistie…

S’en suivra alors une discussion animée sur la disparition de nos traditions et sur les accommodements raisonnables. Tout d’un coup, la flamme culturelle s’allumera et le sapin planté au milieu du salon brillera de toutes ses ampoules. Après quelques verres de gros gin, il est fort à parier que mononcle Hervé se permettra quelques commentaires racistes et nous rappellera comment il était bon de vivre sous la gouverne de Maurice. Tout d’un coup, se dessinera une unanimité sur notre devoir de protéger notre passé et d’assurer l’avenir de nos jeunes. Ancien professeur au secondaire, mononcle Gaston, nous fera un sermon sur l’importance d’enseigner la bonne parole aux élèves car c’est la seule façon d’apprendre les bons comportements chrétiens et l’amour du prochain. Habituellement réservée, matante Mariette lui demandera s’il a appris à détester la plupart de ses collègues de travail grâce à ces sermonts ou s’il est simplement malheureux de son existence.

Comme c’est l’habitude, il y aura de francs échanges et un début de chicane lorsque matante Yvonette placera la buche au milieu de la table. Mononcle Hervé songera même à quitter les lieux car il peut difficilement discuter avec les autres, il est plutôt du genre à imposer ses idées, car ce sont les bonnes, évidemment.

J’espère que Marie-Pascale, la nièce qui a fait le tour du monde, essaiera de calmer le jeu… Elle qui a partagé sa vie avec un Égyptien un jour et avec un américain bouddhiste un autre, rappellera aux mononcles et aux matantes que les seules raisons qui nous réunissent en ce souper de Noël c’est l’obligation familiale et la nostalgie du bon vieux temps. Elle questionnera ce rassemblement annuel en nous demandant ce que signifie réellement cette fête. Elle mettra en lumière l’hypocrisie de certains et la jalousie des autres. Nous serons tous un peu nerveux à l’approche de l’échange de cadeaux.

Pour sortir la discussion de cette impasse, la fille de l’hôtesse, la jolie Carole, demandera à son fils Mathieu ce qu’il a appris dans son cours d’enseignement religieux au primaire. Il nous parlera, avec fierté, de la célébration de la naissance de Jésus, des rois mages de la crèche et tout le reste. La nostalgie réapparaîtra alors et une atmosphère de paix et de douceur s’installera au salon coincidant avec l’arrivée de mononcle René que tous ont reconnu malgré le costume du Père Noël. Le plus jeune du groupe, le neveu Gabriel, demandera alors à son père si ce personnage mal rembourré avec une barbe synthétique est le papa de Jésus.

Tous seront d’accord pour dire que les traditions se perdent et que Mario a finalement raison. Il faut conserver l’enseigement religieux dans les écoles. À quoi bon célébrer cette fête si on ne fait que manger, boire et admirer les résultats de notre soif de consommer. Il faut ramener Jésus dans le portait.

Mario a vu juste encore une fois. Amener le débat sur l’importance de la religion quelques jours avant les festivités de Noël. Ce débat devrait être en sa faveur car la majorité des québécois sont d’accord avec le cardinal Ouellet en permettant l’accès au cours de religion à l’école. Mario sait très bien que les parents seront réceptifs à son idée que l’école s’occupe correctement de leurs enfants car ils n’ont plus le temps et l’aide aux devoirs les effrait. Il sera reconnu comme notre grand protecteur car « il faut être prudent avec ce que l’on enseigne aux enfants en bas âge ».

Il aura même pris le soin de séduire mononcle Edmond et l’électorat montréalais en nous rappelant qu’il faut « réorienter le contenu du cours en fonction de la réalité québécoise où les religions catholiques et protestantes sont toujours prépondérantes… ». Tu es fort Mario.

À lire également :
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3 commentaires:

Renart Léveillé a dit…

Très bon texte!

Je le joins à mon blogue "Le Québec en blogues".

Unknown a dit…

J'ai bien aimé!

Jimmy St-Gelais a dit…

Drôle et pertinent!