lundi 17 décembre 2007

Le sermon de Mario

Suite à la récente sortie de Mario Dumont sur le cours « Éthique et culture religieuse », plusieurs citoyens, journalistes et députés ont tenté de le ramener dans une avenue plus équilibrée mais, encore une fois, il a décidé d’aller au bout d’une idée en tentant de provoquer un débat de société sur une question qui semblait réglée, celle de la laicisation des écoles.


Après son envolée digne d’un républicain du Tennessee, Mario s’est fait rappelé par le député autochtone Alexandre Wawanoloath (PQ) que l’exemple sarcastique qu’il a utilisé pour défendre sa thèse fait partie de la mythologie des Abénakis, des Malécites et des Micmacs. Les conseillers de Mario se montrent encore maladroits, n’ayant pas été en mesure d’identifier la provenance et la signification du mot « Glouskap ». Et comme le mentionnait Michel David dans son éditorial de samedi dernier : « …les aventures de Glouskap, aux prises avec la vilaine sorcière Poujinkouesse, qui s’est transformée en maringouin pour mieux persécuter les hommes, intéressera les enfants beaucoup plus que les malheurs d’Adam et Éve chaséés du paradis. »


Le chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, Ghislain Picard s’est également indigné des propos de Dumont dans les pages du Soleil . La vice-première ministre Nathalie Normandeau a par la suite demandé à Mario Dumont de présenter des excuses publiques auprès des autochtones.


Comme toutes ces réactions n’ont pas su convaincre Mario de réajuster le tir, il nous rappelait encore aujourd’hui, par voie de communiqué , que « …notre patrimoine religieux fait partie intégrante de notre identité. » Mais de quel patrimoine religieux fait-on référence ici? À l’histoire du clergé québécois? À nos somptueuses églises de campagne qui donnent tant de charme et de personnalité à nos villages? Essait-on de ressuciter la popularité des sacrements tels que le baptême, la petite communion et la profession de foi? Est-ce une idée du lobby de l’industrie hôtellière qui voudrait profiter de mariages plus nombreux?


Désolé monsieur Dumont, mais je ne vois vraiment pas comment l’école d’aujourd’hui pourrait ramener la religion traditionnelle dans les foyers québécois. Les gens peuvent croire en un être suprême, aux valeurs humaines et à la vie éternelle, mais ils ne retourneront pas à l’église au pas de course même si les professeurs devenaient des évangélistes chevronnés.


Lorsque mes enfants entendront des histoires de Jésus de Nazareth, j’espère qu’ils verront en lui un citoyen indigé devant le pouvoir et les injustices et non comme le fils d’une vierge et d’un Dieu n’ayant de pardon que pour les siens. J’espère que l’on parlera de sa révolte contre les marchands du temple, eux qui me rappellent nos entrepreneurs avares de privatisation et de croissance économique sans limite.


Je crois que nous aurons de belles discussions avec nos enfants si ce cours atteint ses nobles objectifs. Une approche historique et culturelle du phénomène religieux qui allumera la curiosité de nos enfants. Certains d’entre eux seront appelés à approfondir ces connaissances philosophiques en se tournant vers la religion. À défaut de trouver une mosquée ou un temple bouddhiste à proximité, ils pourront aller à l’église et explorer ces enseignements et leurs théories. Si la voie s’avère juste, ils deviendront des hommes et des femmes heureux de leur découverte et ne désireront que le bien commun et la justice sociale, tout comme Jésus le souhaitait à son peuple. L’égoisme et le repli sur soi n’est pas enseigné par l’église catholique. Ni aucune autre, à ce que je sache.


Ce billet fait suite à « Mario sur la montage »


1 commentaire:

Renart Léveillé a dit…

« Lorsque mes enfants entendront des histoires de Jésus de Nazareth, j’espère qu’ils verront en lui un citoyen indigé devant le pouvoir et les injustices et non comme le fils d’une vierge et d’un Dieu n’ayant de pardon que pour les siens. »

Voilà bien la manière positive de voir l'histoire christique, au niveau des valeurs. Des valeurs qui m'influencent encore, et de plus en plus, aujourd'hui, alors que, comme toi, je me questionne sur ma place dans la société et que je l'élabore dans ce média citoyen qu'est le blogue.

Tu vises bien juste quand tu écris que tu « ne vois vraiment pas comment l’école d’aujourd’hui pourrait ramener la religion traditionnelle dans les foyers québécois. Les gens peuvent croire en un être suprême, aux valeurs humaines et à la vie éternelle, mais ils ne retourneront pas à l’église au pas de course même si les professeurs devenaient des évangélistes chevronnés. »

Eh! oui, ce désir semble implicite à la pensée mariodumontiste, malgré son grand opportunisme, mais c'est un fantasme éculé de vieille tante « vieille fille », dans le sens où la nostalgie doit laisser la place au sens pratique, à l'évolution de l'éducation, au risque d'avoir à s'ajuster, philosophiquement. En fait, nous risquons surtout une plus grande ouverture d'esprit qui nous confrontera nous-mêmes, plus tard, alors que nous serons peut-être un peu trop assis sur nos positions.

C'est un investissement à long terme pour nos cerveaux...

Hé hé!